Les marchés ont d’abord délivré des bulletins pessimistes sur l’état de santé de l’Europe. Risque d’infarctus, de faillite, d’incapacité de paiement – le mal parti de Grèce étant systémique, contagieux, transmis par un euro affaibli. Devant le danger, la solidarité engagea chaque pays rattaché à l’euro à participer à une caution mutuelle se chiffrant à plusieurs centaines de milliards. Le résultat fut atteint. La bourse salua le succès par des hausses record.
Cette réussite à peine enregistrée, une semaine plus tard les gouvernements découvrirent, comme si c’était une surprise, le poids de la dette. Partout et simultanément furent décidées de sévères restrictions budgétaires touchant les salaires, les rentes sociales. Elles sont d’une telle rigueur que toute relance, toute sortie de crise semble menacée. La bourse en prit conscience et rechuta aussi brusquement qu’elle était montée.
Simultanément
Ces variations d’une telle amplitude n’ont pas d’explications, car ne sont pas révélées des données franchement nouvelles. Sauf que le yoyo permet dans le court terme de réaliser des prises de bénéfices. La question de fond qui, sous l’agitation des agioteurs, est réellement posée est de savoir si l’on peut, sans contradiction, mener simultanément une politique de relance et d’économies budgétaires.
La réponse est d’usage courant. Elle consiste à distinguer les dépenses ordinaires de fonctionnement et les investissements, financés par l’emprunt et amortis selon un rythme décidé, en général, en fonction de l’obsolescence de l’investissement.
Encore faut-il pouvoir emprunter! Pas facile quand est mise en doute la capacité de rembourser la dette ancienne accumulée. Certes l’Union européenne a créé des outils de financement, tels la Banque européenne d’investissement et le Fonds européen d’investissement, mais eux aussi obéissent aux règles communes de la prudence des prêteurs.
Multilatéral
Dans cette conjoncture, la Suisse aurait un rôle à jouer, outre le soutien à l’euro, indispensable pour notre économie et coûteux, que pratique la Banque nationale suisse. Il ne faut pas oublier que si nous étions membre de l’Union, nous aurions à payer comme contributeur une participation de deux à trois milliards. Dès lors, nous pouvons, modestement en comparaison, participer à des projets de dimension européenne, par exemple dans la recherche, les transports, les télécommunications.
Un fonds d’investissement suisse, qui serait le pendant du Fonds européen, contribuerait à la relance. Il pourrait aussi être placé sous la bannière de l’AELE, la Norvège notamment gère de considérables capitaux. Ce serait l’apport d’une Europe multilatérale, et plus modestement une contribution de la Suisse, place financière. Nous donnerions une autre image que celle de «profiteurs» du secret bancaire.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!