La table ronde ne répond pas à un phénomène de mode. Si cette pratique paraît aujourd’hui se répandre, c’est bien parce qu’elle répond à un besoin. Celui de trouver des réponses globales à des problèmes à la fois graves et complexes. Or force est de constater que ni les parlements ni les partis politiques n’ont administré la preuve concrète de leur capacité à gérer de tels problèmes.
Viser le consensus
Mais c’est surtout la démocratie directe qui impose ce mode de faire. Si les autorités veulent surmonter l’épreuve du référendum facultatif ou obligatoire, elles n’ont d’autre choix que d’associer les principaux groupes d’intérêts à l’élaboration des solutions réalistes et réalisables.
Un consensus fort, issu de telles tables rondes, constitue le seul moyen d’indiquer aux députés comme au souverain qu’il existe une volonté claire d’aboutir et de répartir équitablement les avantages et les charges. Et que la politique au détail, telle qu’elle se pratique habituellement, n’est pas adaptée à des problèmes comme l’assainissement des finances publiques ou la réorientation de la politique sociale ou environnementale.
Dans le cas de la table ronde genevoise, le Conseil d’État a indiqué sans ambage que seul lui importait l’objectif financier, libre aux partenaires sociaux de modifier la nature et la pondération des mesures nécessaires pour atteindre cet objectif. Il y a donc place aussi bien pour le conflit que pour la négociation. Mais dans ce nouveau cadre apparaîtront plus clairement les enjeux et les arbritrages. Car il faut que cesse le jeu de la chaise vide qui permet parfois de rejeter tout alourdissement de la charge fiscale et toute réduction de prestations.
Choisir ses reproches
Les exécutifs en Suisse se voient fréquemment reprocher leur manque de courage et de vision. Un reproche souvent fondé. Il serait alors paradoxal de leur imputer les mêmes faiblesses au moment où, en associant l’ensemble des groupes sociaux et des partis politiques, ils manifestent précisément leur volonté d’assumer efficacement leurs responsabilités. jd
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