Les organisations publiques et privées d’aide au développement se sont rencontrées récemment à Berne dans le cadre de la conférence Nord-Sud. Devant ce public, une Américaine n’a pas mâché ses mots.
Pour Nancy Barry, économiste, présidente de la Banque internationale des femmes et ancienne collaboratrice de la Banque mondiale, si l’on veut être de véritables agents du changement, il faut d’abord se changer soi-même. Or la corporation de l’aide au développement est encore trop fortement ancrée dans le monde des anciennes polarités : le Nord et le Sud, les riches et les pauvres, le capitalisme et le socialisme. Derrière les objectifs sociaux de la coopération, n’y a t-il pas encore trop d’inefficacité, le besoin d’alléger sa conscience plutôt que la volonté de libérer des populations en les rendant autonomes ?
Des changements sociaux et écologiques à grande échelles n’interviendront que si la charité fait place à une approche plus commerciale. Car c’est le crédit qui fait le plus défaut dans les pays du tiers-monde. L’esprit d’entreprise, les initiatives sont là, mais l’argent manque. La Banque mondiale des femmes, créée dans la foulée de la première conférence mondiale des femmes à Mexico en 1976, tente de répondre à ces besoins financiers, modestes puisque les prêts ne dépassent pas quelques centaines de dollars. Avec d’autres « instituts bancaires des pauvres », la Banque mondiale des femmes a constitué un réseau présent dans une quarantaine de pays et qui fournit ses prestations à dix millions de clients environ. Or ce sont cinq cents millions de personnes qui ont besoin d’un micro-financement.
La Suisse doit-elle augmenter son aide publique jusqu’à 0,4 % de son produit intérieur ? Pour Nancy Barry, il serait beaucoup plus efficace que les banques helvétiques acceptent de consacrer 10 % du montant total de leurs crédits à ces débiteurs pauvres, par exemple en refinançant les instituts du réseau. Car les pauvres sont de bons débiteurs Ð taux de remboursement de 99 % Ð, meilleurs que les débiteurs classiques. jd
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