Points de repère, commentaire et interrogations, au lendemain de l’anniversaire chahuté de la réglementation du commerce international.
Cinquantième anniversaire de la réglementation du commerce international ( GATT ) célébré par la toute jeune Organisation mondiale du commerce ( OMC ). L’occasion pour les uns de réaffirmer leur profession de foi libre-échangiste et pour les autres de vouer aux gémonies la liberté du commerce. Face à ces louanges sans nuances et à ces condamnations péremptoires, il est difficile de se faire une opinion fondée.
Malgré tout, l’OMC reste indispensable
Une certitude d’abord. Réclamer la mise à mort de l’OMC relève de l’incantation stérile. Tout comme le rêve d’un retour à l’autarcie économique de nos sociétés. L’enfermement à l’intérieur de frontières étanches n’a jamais servi la cause de la paix, ni le développement social et culturel. L’OMC, malgré toutes ses insuffisances, reste une institution indispensable. Grâce aux règles qu’elle établit par consensus entre ses membres, les nations les plus faibles peuvent faire entendre leur voix et défendre leurs droits. Sans ces règles, les grandes puissances économiques imposeraient plus crûment encore leur loi.
Les pays riches ne jouent qu’à leur avantage
Ces règles bien sûr sont loin d’être satisfaisantes. Il s’agit donc de les améliorer et de les développer. Car les objectifs louables que s’est fixés l’OMC Ð amélioration du niveau de vie, plein emploi, développement durable, utilisation optimale des ressources Ð ne sont toujours pas atteints. Les pays riches rechignent à jouer le jeu du libre-échange lorsqu’il est à leur désavantage. Par exemple en restreignant les exportations de textiles et de produits manufacturés des pays du Sud et en inondant ces derniers de produits agricoles subventionnés. Ou encore en puisant gratuitement dans le capital biologique du tiers-monde et en revendant au prix fort les connaissances ainsi acquises.
Inventer de nouvelles règles
Ces règles ignorent par trop les dimensions sociale et écologique du commerce. Renato Ruggerio, le directeur général de l’OMC, renvoie, pour ces préoccupations, à d’autres instances internationales. « Un ministre du commerce ne s’occupe pas en priorité de politique sociale ou environnementale » affirme-t-il. « Ce n’est pas non plus la vocation de l’OMC ». Il oublie que ce ministre appartient à un gouvernement qui procède à un arbitrage entre ces diverses exigences. Or au niveau international, aucune instance n’effectue cet arbitrage et n’impose en dernier lieu sa décision.
Le commerce international ne peut donc se développer sur la seule base du libre-échange. Les résultats qu’il affiche en témoignent éloquemment. Pour que le jeu se déroule de manière harmonieuse, sans laisser sur le côté des pays et des populations entières, il faut inventer des règles plus subtiles que le seul mécanisme de la concurrence des coûts. Il est nécessaire de manifester dans les rues de Genève contre une politique commerciale à courte vue. Mais le combat doit se poursuivre concrètement à l’échelon national, puisque ce sont les gouvernements qui déterminent le contenu des accords mis en œuvre par l’OMC. jd
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