Bonne place de la Suisse au palmarès, mais les Suissesses piétinent.Il y a vingt ou trente ans, les pédagogues progressistes n’en doutaient pas : la mixité scolaire, à savoir une formation commune des filles et des garçons, devait concourir à l’égalité des femmes et des hommes. Aujourd’hui, il faut bien se rendre à l’évidence ; la coéducation est loin d’avoir donné les résultats espérés.
Dans le peloton de tête
Les conclusions d’une récente étude comparative internationale sont flatteuses pour la Suisse. En mathématiques et en sciences naturelles, les jeunes Helvètes du secondaire supérieur et des écoles professionnelles se classent dans le peloton de tête des vingt pays analysés. Mais les connaissances des gymnasiennes et des apprenties se situent très en dessous de celles de leurs camarades masculins.
Faut-il imputer ce retard à l’apprentissage précoce de rôles spécifiques au sexe, un apprentissage qui interviendrait très tôt au sein de la famille ? C’est la conviction des féministes pour qui les comportements différents selon le sexe ne sont pas innés mais acquis. Les plus récents travaux de pédagogues et de psychologues, notamment ceux effectués dans le cadre du Programme national de recherche 35 sur l’égalité, montrent que la réalité est probablement plus complexe.
Actuellement plus personne ne conteste une distribution égale de l’intelligence entre les sexes. Pourtant les filles, à partir de 10 ans, manifestent une capacité d’expression plus développée que les garçons, alors que ces derniers maîtrisent mieux le langage mathématique dès 13 ans. Une politique d’égalité ne peut ignorer cet état de fait. C’est là précisément que pèche la coéducation qui, au nom de l’égalité, a tablé sur une formation et une pédagogie identiques pour garçons et filles. Or qu’observe-t-on dans les classes mixtes ? Des élèves masculins actifs, prenant des initiatives, alors que leurs compagnes se montrent plus passives, plus disposées à manifester leur approbation. Ë l’évidence la coéducation ne tient pas suffisamment compte de ces différences de comportement et de manière de communiquer. Cet égalitarisme simpliste ne sert pas la cause de la promotion de l’égalité.
Alors faut-il préconiser le retour à la bonne vieille séparation des sexes ? Certainement pas. Mais des mesures compensatoires et un traitement différencié selon le sexe, respectueux des différences, pour réussir à mieux les surmonter. Et peut-être, pour un temps limité, des cours de mathématiques et de sciences naturelles spécialement destinés aux filles. jd
Sources:
Basler Zeitung, 20 février 1998, « Koedukation benachteiligt die MŠdchen » .
E. Grünewald-Huber, Koedukation und Gleichstellung, Chur/Zürich, 1997, Verlag Rüegger.
Mathematics Achievement in de Middle School Years, et Science Achievement in de Middle School Years, IEA, Boston : TIMSS International Study Center, 1996.
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