Quand on est sans diplôme (43%) et désargenté (37%), on vote pour l’UDC. L’institut GfS de l’Université de Berne, vient de livrer son analyse des élections fédérale du 19 octobre. Les «petites gens» ne partagent pas le monde entre la droite au service des riches (en argent et en savoir) et la gauche à l’écoute des pauvres. Les trois formations conservatrices rassemblent les deux tiers des électeurs avec un faible niveau de formation et des bas salaires, et seulement la moitié chez les diplômés et les hauts revenus.
Le populisme fonctionne à plein régime une fois métamorphosé en feuilleton médiatique. Les sentiments remplacent la lutte. Une biographie exemplaire martelée méthodiquement, vouée au clonage – tout le monde peut rêver de la même destinée – pulvérise l’appartenance de classe. La conscience fuit la complexité et les risques de la globalisation. On adhère naïvement au modèle, bon ou mauvais, on lui pardonnera. L’homme remplace l’appareil. C’est moi ou personne, menace Christoph Blocher quand les socialistes hésitent, débattent. Courageusement démocratiques mais désincarnés.
Le peuple, dépositaire de la «vraie vie», est parfois déraisonnable. Il vote alors pour la promesse d’un monde impossible. La parole publicitaire, qui colporte la bonne nouvelle et se nourrit de boucs émissaires, épuise les autres paroles: la parole visionnaire qui dessine des mondes nouveaux, la parole critique qui démonte le pouvoir, la parole du compromis qui cherche le consensus. Des paroles lentes, parfois incompréhensibles.
Il ne suffit pas, ou plus, de dire quelque chose de gauche. Les électeurs de l’UDC préfèrent l’irresponsabilité rassurante. Ils s’entichent de la réussite qui n’arrête pas de sourire. Blocher leur chuchote, complice, qu’ils font partie du même monde, tant pis si c’est un mensonge. Cette vie par procuration, bon marché, vaut le coup. Avec un chef-vedette en prise directe, sans médiation ni intermédiaire. Bref, sans politique, mais avec l’Albisgüetli.
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