Le recensement fédéral de l’an 2000 est sans pitié : les églises protestante et catholique sont en perte de vitesse. Le nombre de personnes se déclarant sans religion a augmenté, tandis que les autres confessions ont continué leur progression.
La sécularisation de la société, notamment en milieu urbain, se poursuit. Si l’immigration nuance l’érosion chez les catholiques, elle est responsable de la forte croissance des musulmans. De plus, les fidèles des églises traditionnelles vieillissent sans qu’une nouvelle génération prenne leur place.
Par-delà les grandes tendances socio-démographiques, les institutions vouées à l’administration de la foi chrétienne sont défaillantes. La désaffection des fidèles nourrit les réflexes conservateurs. La gestion de l’acquis prend le pas sur l’évangélisation. La bonne nouvelle se fait discrète ; elle ne rassemble plus la communauté. La routine, les offices ordinaires ignorent la miséricorde quotidienne ou la proximité, selon le terme à la mode. Saisie par des impératifs administratifs et financiers, la religion oublierait-elle son ministère spirituel: le lien entre le divin et les individus?
Bien sûr, il n’est pas question de nouvelles croisades ou de guerres de religion. La conversion et le prosélytisme ne sont pas à l’ordre du jour. Non, il s’agit surtout de transformer l’appartenance anonyme en une participation concrète. Il faut redonner du sens à des pratiques religieuses de plus en plus étrangères à la vie contemporaine. Alors que les églises sont trop souvent vides – des musées que l’on visite, désertés par la prière et la solidarité – les lieux fragmentés et désordonnés de l’existence appellent une présence nouvelle. Déjà à l’œuvre, parfois, mais encore trop rare.
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