Les plus grandes gares de Suisse vont se transformer en centres commerciaux. Car si on ne peut pas acheter le secret bancaire – selon le slogan publicitaire qui accompagne le projet – le reste sera à disposition des voyageurs dans les Railcity du pays. La gare de Berne a été la première à inaugurer ce concept novateur réunissant commerces et services, voyage et shopping en un ensemble fonctionnel et cohérent sur quatre niveaux. La vie moderne a ses besoins. Le client est roi. Ce sont les directives du Conseil fédéral. Il faut pouvoir acheter n’importe où et n’importe quand. Passer sans encombre du quai aux étalages des magasins. La Confédération sait faire preuve de souplesse en dépit des réglementations locales. On peut consommer de six heures à vingt-quatre heures. Les autres gares visées par le projet sont déjà sur les rangs. Lausanne, Genève, Lucerne, Zurich, Winterthour et Bâle attendent leur tour. Pour la fin de 2004 ce sera chose faite.
Mais on regrettera un jour la tristesse sinistre de la gare de Vallorbe. Michel Bühler s’en plaignait amèrement. Il accusait le néolibéralisme. Peut-être. D’un autre côté l’abandon, dont elle souffre, est son seul salut. Tenue à l’écart de la modernisation marchande, elle va survivre. Lieu véritable, où l’on reconnaît la fonction et les symboles. Les trains s’arrêtent, on monte et on descend. C’est tout. Alors que le va-et-vient anonyme, abondant et circulaire, ignore le vertige du départ, l’émotion des adieux, la jubilation des retrouvailles sans obligation d’achat. Heureusement les zonards, les paresseux, les sans domicile fixe, les retraités, les clochards, les ivrognes, les fous et les enfants jouent toujours à cache-cache malgré les caméras de surveillance. La sécurité est primordiale. Le risque zéro est à l’ordre du jour. Une gare dangereuse est une mauvaise affaire. Et Railcity veille.
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