C’est le soir qu’il faut visiter l’exposition nationale. Les visiteurs se font rares. La chaleur est moins accablante. La lumière s’estompe. Dégagé de la pression du jour, on flâne : marcher sans but, doucement emporté par l’inertie et la légèreté du jeu, de la nonchalance, de l’imprévu.
A Yverdon, par exemple, il est enfin possible de se recueillir – se retrouver, se recentrer, se ressourcer – et s’interroger. Je, moi, nous, corps, peau, esprit jouissent alors du temps qu’ils réclament. Dans le calme et la sérénité de la nuit qui s’annonce. Car l’attente, à la file à la longue au soleil, aveugle tout espoir d’identité ; c’est-à-dire de reconnaissance de soi.
La foule, si recherchée, gage de succès, tout historique et financier qu’il soit – les chiffres de l’exposition se comptent en millions -, ébranle l’intimité solitaire dont se pare l’ego pour fuir la contrainte et le regard d’autrui. Seul le soir, et son crépuscule, brouillent les contours et les couleurs délivrant l’âme de son corset. Ainsi la visite, encore devoir civique, familial, professionnel, se transforme en expérience originelle. md
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