Partisans et adversaires de la révision de l’assurance-chômage (DP 1864) sont d’accord sur un point: le déficit croissant de cette assurance n’est pas tolérable, un assainissement s’impose. Les avis divergent sur la manière d’y parvenir. Le Parlement a ficelé un paquet de mesures qui combine à parts égales réduction des prestations et ressources supplémentaires. Les syndicats, qui mènent le combat référendaire, préconisent une augmentation du taux de cotisation.
La révision combattue pèche par ignorance économique: en période de conjoncture molle, une politique anticyclique digne de ce nom évite d’affaiblir le pouvoir d’achat des chômeurs. Mais la solution syndicale, d’ailleurs prévue par la loi elle-même, n’est pas idéale non plus car elle renchérit le coût du travail, un effet peu favorable à la création d’emplois. La situation financière préoccupante de l’assurance-chômage pourrait être l’occasion d’en réformer profondément le financement. La proposition que l’économiste genevois Yves Flückiger a formulé en 1995 déjà a gardé toute son actualité (DP 1536).
L’évolution du cursus professionnel avec ses phases de chômage, tout comme la montée de l’emploi à temps partiel, fragilisent le financement de l’assurance-chômage. Par ailleurs le fait de prélever les cotisations sur les salaires défavorise les entreprises à forte intensité de travail; ainsi pour une même valeur ajoutée brute, la métallurgie verse deux fois plus de cotisations que le secteur bancaire. Il faut donc trouver une autre manière de financer l’assurance-chômage qui ne découragerait pas la création d’emplois tout en garantissant l’égalité de traitement entre les branches économiques. C’est sur la valeur ajoutée brute que devraient être prélevées les cotisations; à savoir la masse salariale, les dividendes, les bénéfices distribués ou non, les intérêts et les amortissements.
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