La dénonciation du scandale fait scandale. En proposant au Conseil communal de l’autoriser à engager des apprentis clandestins, la Municipalité de Lausanne déclenche une tempête. Le Conseil d’Etat vaudois s’insurge et mande un avis de droit, la presse locale critique un coup de pub socialiste sur le dos des adolescents sans papiers, l’opinion publique semble partagée entre sentiment d’injustice et mouvement d’indignation, des blogueurs patentés tempêtent contre «la préférence étrangère» étendue à «la racaille clandestine». Bref, tout le monde hurle à la provocation, sauf l’UDC qui attend en silence le moment d’engranger par la voie référendaire les bénéfices du scandale dénoncé.
Que demande la Municipalité de Lausanne? Qu’il soit mis fin à l’hypocrisie voulant qu’au terme de la scolarité obligatoire un jeune, sans statut légal comme ses parents qui payent le cas échéant leurs impôts à la source, puisse aller au gymnase mais n’ait pas la possibilité d’entreprendre une formation professionnelle (voir aussi l’article de Pierre Imhof). En vue de régler enfin la question, l’exécutif lausannois «s’engage à ouvrir l’accès à des places d’apprentissage dans l’administration à des jeunes sans papiers ayant terminé leur scolarité obligatoire à Lausanne et à définir avec le canton les modalités relatives aux inscriptions aux examens finaux». Les autres conclusions du rapport-préavis établi en réponse à une motion Alain Hubler (POP/A Gauche Toute) déposée en novembre 2002 sont de la même veine prudente et juridique qui convient, même quand il s’agit de dénoncer une discrimination inacceptable.
La suite du débat et de la recherche d’une solution équitable occupera les assemblées parlementaires du pays, à tous niveaux. Premières discussions le 3 mars prochain au Conseil national qui examinera trois motions relatives aux jeunes clandestins ayant accompli leur scolarité obligatoire en Suisse, déposées par les Genevois Luc Barthassat (PDC) et Antonio Hodgers (Les Verts) ainsi que par le Vaudois Christian van Singer (Les Verts). Même l’appui d’Oscar Freysinger semble acquis à la cause des apprentis sans papiers.
Mais pour les «provocateurs» et leurs partisans, il reste pas mal de travail d’explication et de conviction à faire, en coulisses comme en public.
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