La centrale de pompage-turbinage de Cleuson-Dixence va prochainement reprendre du service. Plusieurs autres installations du même type seront inaugurées ces prochaines années. La puissance hydraulique installée augmentera ainsi de plus de 4000 Mégawatts, soit quatre fois la puissance de la centrale nucléaire de Gösgen.
On sait l’intérêt que présentent de telles installations. L’eau est pompée dans les retenues lorsque l’électricité est bon marché – l’offre dépasse alors la demande. Puis elle est turbinée et exportée au prix fort pour répondre aux pointes de la demande. L’économie électrique helvétique engrange ainsi de substantiels profits.
Si le pompage-turbinage peut se justifier sous l’angle économique, il participe moins que ne le prétendent les électriciens à la sécurité de l’approvisionnement indigène. D’une part cette technique consomme 20% de plus d’énergie qu’elle n’en produit. D’autre part, comme le relève Hanspeter Guggenbühl, un journaliste spécialiste du dossier énergétique, dans la Basler Zeitung du 4 décembre 2009, la puissance installée actuelle est déjà supérieure de plus de 40% à celle qui permet de faire face aux pointes de la demande hivernale. Par ailleurs l’accroissement des mouvements d’importation et d’exportation d’électricité liés au pompage-turbinage va aggraver les goulets d’étranglement sur le réseau. En effet l’adaptation du réseau ne suit pas l’intensification des échanges et la logique marchande des producteurs-distributeurs conduit à privilégier la gestion des centrales de production en fonction du marché international.
Les différents projets de pompage-turbinage réalisés et en cours représentent plusieurs milliards de francs. Des moyens qui manqueront cruellement pour le développement des énergies renouvelables et produites de manière décentralisées. Le développement durable figure parmi les buts de l’Etat fédéral. De leur côté les cantons développent des politiques d’économie et de substitution énergétiques. Et dans le même temps les sociétés électriques, majoritairement contrôlées par les collectivités publiques, se prêtent à un affairisme peu compatible avec la mission de service public qu’elles prétendent exercer.
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