S’il ne pavoisait pas dimanche soir, Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) considérait néanmoins le résultat comme «un grand succès» et un signe de défiance à l’égard de la politique du Conseil fédéral. Et de souligner la progression de la revendication qui obtient 31,8% des suffrages contre seulement 22,5 en 1997. Rappelons qu’en 1972, la gauche faisait trembler l’industrie d’armement en réunissant 49,7% des voix sur son initiative pour «Un contrôle renforcé des industries d’armement et l’interdiction des exportations d’armes».
Le GSsA doit son échec à une ambition démesurée. La politique helvétique d’exportation d’armes n’est pas satisfaisante. Si la législation est formellement sévère, sa mise en oeuvre laisse à désirer (DP 1844). Une cohorte de professeurs de droit, ni pacifistes ni antimiliratistes, l’a rappelé au cours de la campagne: ni les Etats en guerre, ni ceux qui bafouent les droits humains ne sont privés de matériel de guerre made in Switzerland. Il y a donc matière à réformer le droit en vigueur, par exemple en limitant les exportations aux pays de l’OCDE ou aux Etats auprès desquels nous nous fournissons. Le GSsA a choisi de promouvoir une solution maximaliste, certes cohérente avec sa mission première de suppression de l’armée, mais éthiquement incompatible avec le maintien de cette institution: on ne peut prétendre garder les mains propres en s’abstenant de vendre des armes à l’étranger, en espérant que d’autres continueront à nous en vendre.
En choisissant une cible hors de portée, il contribue à légitimer une politique tout à la fois illégale et moralement indéfendable.
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