Le Conseil des Etats campe sur ses positions. Fort d’une majorité PDC-PS-Verts, il soutient dans son intégralité le troisième paquet conjoncturel. Il s’oppose au Conseil national où une coalition UDC-PLR a eu raison de l’aide aux chômeurs proposée par le gouvernement. C’est non au perfectionnement des jeunes chômeurs, non au prolongement du nombre des indemnités, et non à l’engagement des chômeurs en fin de droit dans des organisations sans but lucratif. Le Conseil fédéral proposait de consacrer 400 millions à son troisième paquet. Après avoir pris des mesures pour soutenir l’activité économique, il envisageait, logiquement, d’aider les victimes de la crise. Le bloc de droite n’a consenti qu’à une dépense de 65 millions pour permettre aux entreprises de prolonger la durée du chômage partiel.
Premier argument pour diviser la dépense par six: éviter l’endettement de l’Etat. La crise ne semble donc pas assez grave, puisqu’on refuse d’épuiser les possibilités offertes par le rigoureux frein aux dépenses. Passons sur cette sempiternelle idéologie des intégristes de la rigueur budgétaire. Le deuxième argument du refus du programme gouvernemental est plus inattendu: les mesures proposées sont inefficaces. Cette rhétorique est insoutenable. Il était possible de s’interroger de bonne foi sur l’efficacité des mesures contenues dans les deux premiers paquets conjoncturels, et notamment sur les effets de la relance intérieure, pour les industries exportatrices prioritairement touchées par la crise. Mais comment affirmer, pour démolir le troisième paquet, qu’il est inefficace d’offrir les moyens de vivre décemment aux personnes écartées du marché du travail par la crise? Comment juger inefficace l’occupation de jeunes chômeurs par une formation complémentaire plutôt que d’attendre un premier emploi? Quelle est l’efficacité de faire sombrer les chômeurs de longue durée dans une inactivité dévastatrice plutôt que de leur donner l’occasion d‘être utiles au sein d’une organisation sans but lucratif?
L’efficacité pour le bloc UDC-PLR ne se conçoit que dans le fonctionnement de l’économie marchande. L’activité caritative qui se substitue aux carences du marché n’est pas digne d’offrir des emplois. Selon Christophe Darbellay, le PLR a massivement refusé le troisième paquet pour s’assurer le soutien de l’UDC dans l’élection de Didier Burkhalter. Si cette explication politicienne est exacte, on peut espérer que, rassurés par le succès de leur candidat, quelques députés du PLR rejoignent les partisans d’une aide aux victimes de la crise.
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