Un événement exceptionnel au terme d’un match au scénario époustouflant. Roger Federer est devenu ce dimanche plus que ce qu’il était déjà soit le meilleur joueur de tennis de l’histoire. Sa 6ème victoire à Wimbledon, la 15ème en Grand Chelem font figurer le Bâlois au panthéon du sport. Quel autre que lui peut se targuer d’avoir dominé pareillement un sport qui n’est ni le biathlon ni le tir à l’arc pendant une si longue durée? L’immense champion se double d’un homme irréprochable en dehors du court, gentleman polyglotte bientôt père de famille. A tel point que ceux qui lui cherchent encore des poux n’ont que sa perfection à lui reprocher.
La Suisse officielle paraît empruntée devant ce joyau confédéral. Aucun représentant de la Confédération ne figurait entre Pete Sampras et John McEnroe dans la tribune du Centre Court. Le fantômatique Ueli Maurer n’a parlé de sports ce week-end que pour expliquer comment enfermer le plus rapidement possible les hooligans qui déferleraient dans les stades suisses. On ne comptera pas sa piteuse tentative de bras de fer contre Obama parmi les performances sportives. Il n’y avait aujourd’hui toujours pas trace d’un communiqué officiel – fût-ce un sobre message de félicitations – sur www.admin.ch pas plus que sur le site du canton d’origine du «maître».
On peut bien sûr se féliciter de l’absence de récupération politique, et du lien direct entre l’icône Roger et le public qui le vénère. Mais, l’identité nationale ne se construit pas seulement à coup de mythes, de repli sur soi et de lutte contre l’étranger. Lorsqu’à de rares exceptions tous les Suisses vibrent pour l’exploit de leur champion, c’est aussi un événément politique. L’affirmation que la Suisse peut exister une raquette à la main et gagner sur le court en se mesurant d’égal à égal à son adversaire, fût-il américain. Le Conseil fédéral a raté un point facile.
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