Le traditionnel rapport de la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme se permet cette année une pointe d’optimisme. Dans sa chronologie des actes de caractère raciste, il salue un léger mieux: 92 en 2008 contre 113 l’année précédente. A côté de quelques rares violences, on relève essentiellement des agressions verbales et écrites. Le rapport répertorie également un ou deux refus d’un poste de travail ou d’un appartement. De tels actes discriminatoires sont certainement beaucoup plus fréquents. Mais comme ils sont la plupart du temps inavoués, ils échappent à l’enquête de la Fondation. Amadou ou Mohamed restent sur les listes d’attente des régies sans que l’on puisse prouver un délit de sale gueule.
L’intervention militaire dans la bande de Gaza a grossi les attitudes hostiles à Israël et a réactivé l’antisémitisme latent, sans toutefois provoquer des débordements violents. L’an passé, la seule violation d’un lieu de culte a été celle du centre de prière musulman de Naefels. Le Coran déchiré, l’inscription de la croix gammée et la déprédation des lieux ont suscité très peu de réactions. Les musulmans se défendent moins bien que d’autres communautés religieuses.
Les groupes d’extrême droite continuent de se manifester. Quelque nouveaux venus sont apparus en Suisse romande: les Corps Francs à Fribourg, une section genevoise des Nationaux-socialistes suisses et les Identitaires romands, défenseurs de la race blanche. La Fondation contre le racisme et l’antisémitisme reste attentive à l’activité de ces mouvements extrémistes ultra minoritaires, mais ne leur attribue pour l’heure guère d’influence sur l’opinion.
Le racisme qui influence lourdement la politique suisse est celui de l’UDC. Le rapport de la Fondation rappelle la constance des positions du plus grand parti de Suisse. Ce dernier a fustigé le rapport du comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale, considéré comme une intrusion dans nos affaires internes et dans la gestion de la démocratie directe. Ses parlementaires se sont majoritairement prononcés, mais sans succès, pour l’abolition de la norme pénale condamnant les propos racistes. Dans la campagne sur les naturalisations, l’UDC a joué sur la peur des étrangers criminels. Après l’échec de son initiative, le parti a multiplié les interventions parlementaires pour restreindre l’accès à la citoyenneté suisse. L’initiative islamophobe contre les minarets a les faveurs d’Ueli Maurer et de ses amis politiques.
Si les cas anecdotiques énumérés par la Fondation dans sa Chronologie 2008 reflètent un léger mieux, on ne saurait en conclure à une régression du racisme en Suisse. Il est au contraire amplifié et en quelque sorte banalisé par un parti présent au gouvernement.
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