L’UDC, il fallait s’y attendre, crie à la trahison. Le Conseil fédéral, au lieu de résister au chantage, a soldé le secret bancaire. Ce parti, qui s’autoproclame seul véritable défenseur du pays et de ses valeurs, ne pouvait manquer l’occasion de taper sur le clou de la souveraineté écornée et des élites indignes de leur fonction, gouvernement et formations politiques confondus.
L’UDC a fait de l’indépendance nationale et de la neutralité son fonds de commerce. Face aux turbulences de l’actualité, elle cherche à rassurer une opinion inquiète en magnifiant des traditions qui, prétend-elle, ont assuré le succès du pays. La Suisse ne se sauvera qu’en s’isolant, en résistant à la séduction d’une internationalisation galopante. Non à l’Europe, non aux organisations internationales, non à toute collaboration aux opérations de maintien de la paix. Cet appel constant au repli ne fait que prendre le relais d’une attitude politique ancienne prônée par les partis bourgeois. L’UDC récolte maintenant les fruits de cet enfermement mental.
Les traditions ne sont utiles que si elles offrent des réponses adéquates aux problèmes actuels. Invoquées de manière rituelle, elles aveuglent et figent une société. Les pressions exercées actuellement par les grandes puissances pour limiter l’évasion fiscale mettent en évidence notre dépendance à l’égard de la communauté internationale. Croire, comme l’UDC, qu’inscrire le secret bancaire dans la Constitution nous libérera de ces pressions, c’est comme vouloir éviter une météorite en protégeant sa tête avec ses mains. Puéril.
La Suisse vit de ses relations commerciales avec l’étranger et non de la traite de ses vaches. Elle ne peut donc ignorer les règles internationales et se murer dans son pré carré. Sa sécurité dépend de la bonne marche du monde et non de ses seules forces armées. C’est pourquoi elle se doit de collaborer, y compris militairement, au maintien de la paix. Ce devoir de solidarité relève aussi de son intérêt bien compris.
En prônant une politique de repli, en faisant croire que le pays peut s’en tirer seul, que la règle du donnant donnant n’a pas cours, l’UDC peut certes récolter quelques succès électoraux. Mais en réalité ce parti se révèle être le pire ennemi de la Suisse, celui qui refuse de voir la réalité et entretient l’opinion dans ce refus. L’illusionnisme est aussi une forme de trahison.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!