Jusqu’à présent la Suisse s’est complu dans la posture de l’autruche: subir, la tête dans le sable, menaces, pressions et mesures de rétorsion à cause de son secret bancaire, en espérant que la tempête se calme. Ne jamais entrer en matière, jouer la souveraineté inviolable. Et maintenant que les attaques se font plus pressantes, les radicaux ressuscitent 1291 et nous sortent le scénario de l’union sacrée contre les prétentions indues de l’étranger, alors que l’UDC, toujours nostalgique du réduit national, croit pouvoir mettre à l’abri le secret bancaire dans la Constitution. Quant à Hans-Rudolf Merz, notre grand argentier, il ne voit toujours pas de péril en la demeure.
A suivre aveuglément un secteur bancaire saisi par la folie des grandeurs, les autorités en sont venues à confondre la protection de la sphère privée avec la bienveillance intéressée à l’égard des tricheurs fiscaux de toutes provenances. Dans ces conditions, condamner le coup de force américain en se prévalant du droit sonne faux.
Comment sortir de cette impasse? Peut-être est-il trop tard: le premier ministre britannique Gordon Brown est déjà parti à l’assaut en ciblant la Suisse. Mais pourquoi la Suisse ne prendrait-elle pas pour une fois l’initiative en proposant à ses partenaires de mettre au ban de la communauté internationale toutes les pratiques de dissimulation fiscale – paradis fiscaux, secret bancaire. Non pas la Suisse seule, mais tous les Etats concernés. Cette initiative pourrait figurer à l’agenda du prochain G20 qui se réunit à Londres en avril pour tenter de civiliser la finance internationale.