«Solange ich Neger sage, bleibt die Kamera bei mir». Les meilleurs esprits libéraux-radicaux et surtout PDC pourront toujours vouloir faire accroire que le nouvel élu a foncièrement changé: Ueli Maurer n’en reste pas moins le père de cette phrase-titre révélatrice, ainsi que le rappelait la Berner Zeitung du 25 novembre 2008. Et sa prolixe production ne s’est pas arrêtée là.
N’a-t-il pas, entre autres, en bafouant les usages, lancé aussi des attaques personnelles contre ses adversaires, décrivant les radicaux comme des «poltrons», les électeurs socialistes comme «dérangés» et les conseillers fédéraux UDC Samuel Schmid et Eveline Widmer-Schlumpf comme «des appendices enflammés» nécessitant une ablation, propos rappelés dans l’article de Francesco Bennini, NZZ du 23 novembre 2008. Sans compter les campagnes aux moutons noirs, les perpétuelles attaques contre les handicapés «abuseurs» et ce mépris profond et inquiétant qu’il voue à tout étranger.
Ueli Maurer doit son siège au gouvernement non pas tant à son talent ou à son parti qu’aux gesticulations politiques du PDC, récemment en déroute en Valais au dernières élections municipales et fissuré en son cœur même entre une droite dure très proche de l’UDC, tapie outre Sarine, et quelques bastions romands habités de démocrates encore un peu chrétiens.
De multiples commentateurs ont voulu voir dans le retour de l’UDC au Conseil fédéral une juste application de la trop fameuse concordance. Or le citoyen suisse se retrouve nanti d’un conseiller fédéral xénophobe, rétrograde et dangereux.
Plus que la concordance, plus que la répartition par parti ou par région linguistique, plus encore même que la compétence, la morale d’un gouvernant doit être sans reproche. On doit constater malheureusement que celle du nouvel élu n’offre aucune garantie, quels que soient ses discours depuis le 10 décembre. Au contraire, il est viscéralement habité de principes contraires au fameux consensus helvétique: d’aucuns ont trouvé subtil de faire rentrer le loup dans la bergerie, notamment celle du département de la défense, de la protection de la population et des sports où sa marge de manœuvre et sa faculté de nuisance seront réduites. Dangereux calcul que celui-ci, car le bonhomme a déjà annoncé qu’il allait, à l’image de Christoph Blocher, se mêler des affaires des autres départements. Et on doit lui reconnaître une qualité au moins, la ténacité et le goût du travail.
Certains radicaux qui se sont rangés comme des petits soldats opportunistes derrière la candidature de Ueli Maurer risquent fort de perdre ainsi assez rapidement un de leurs deux sièges au gouvernement, car le loup ne mettra pas longtemps pour mettre en évidence les carences des actuels ministres de ce parti, les «agneaux» dont la première qualité n’est justement pas le goût du travail.
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