Monsieur Alain Bruno Lévy, président de la Fondation de valorisation des actifs de la Banque cantonale de Genève (BCGe), était récemment l’invité des enseignants et étudiants de la deuxième session du cours post-grade en expertise immobilière, organisée par l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, en partenariat avec les Universités de Fribourg et Genève.
LÔorateur s’est notamment livré à un inventaire à la Prévert des biens immobiliers restés sur les bras de la BCGe et pour lesquels la Fondation cherche preneur :
¥ Environ 1400 objets, dont 800 immeubles, représentant des prêts d’un montant total de 5,070 milliards de francs.
¥ Une valeur actuelle de ce parc estimée à environ 50% de la valeur des prêts, soit un trou de 2,535 milliards de francs.
¥ Les avances nécessaires de l’Etat pour le fonctionnement de la Fondation. Il faut dépenser de l’argent pour diminuer les pertes.
¥ Les gros dossiers, comme celui de Sécheron. Il s’agit de financer aussi la décontamination du terrain avant de pouvoir le vendre.
¥ La reprise du marché immobilier genevois. Elle ne sera pas aussi forte qu’annoncée. Les ventes de la Fondation se dérouleront donc de manière échelonnée.
Mais il y a un sujet que personne n’évoque, celui de la qualité des expertises d’origine, qui ont servi de bases aux prêts consentis par la BCGe.
On savait les banquiers de cette époque peu regardants; mais il faut préciser que la plupart de ces expertises ont été réalisées par des architectes. Elles ont été presque toujours calculées à la hausse : valeur intrinsèque (ou valeur réelle) toujours surévaluée, estimation bricolée de la valeur du terrain, valeur de rendement régulièrement calculée sur la base d’un revenu locatif futur, donc aléatoire.
Venant après des déboires dans le domaine de la construction Ð le nombre de contentieux concernant des ouvrages a augmenté considérablement Ð, ces incompétences et cette attitude complaisante dans le domaine économique ont largement contribué à la dépréciation de l’image de la profession d’architecte. Cette dépréciation, certes relative Ð tous ne sont pas atteints heureusement Ð, a grandement facilité l’apparition de groupes qui veulent sortir du marasme, tels le Conseil suisse des experts architectes (CSEA), l’Association suisse des économistes de la construction (AEC) ; et surtout, elle a, dans un registre plus menaçant, ouvert la voie au développement des entreprises générales qui profitent largement de la situation, sans vraiment apporter de solution.
Faut-il vraiment, pour mener aujourd’hui un projet d’architecture, la conjugaison de trois (sous-) professions, le concepteur, le constructeur et l’économiste ? Sans doute non !
Mais la recomposition, sur de nouvelles bases, d’un métier tel que celui d’architecte prend du temps. Les organisations professionnelles, longtemps désorganisées et désorientées par la crise de la construction, prennent lentement conscience de cette nécessaire refondation. Quant aux institutions de formation, la plupart se sont déjà réorientées dans ce sens et ne demandent qu’à continuer. Le cours post-grade dont il est question au début de cet article en est un exemple.
Daniel Marco
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