Le Salon du Livre est plus largement le salon de l’imprimé. Tous les journaux romands y font leur promotion, à stand large sur l’allée centrale.
La Liberté a utilisé son espace de manière originale en le consacrant à la censure : la censure n’étant pas seulement l’interdiction de publier ce qui déplaît au pouvoir totalitaire ou, en temps de guerre, ce qui pourrait renseigner l’ennemi ; elle peut être aussi ce qui déplaît au pouvoir économique, au pouvoir ecclésiastique. Elle est d’autant plus efficace qu’elle est invisible. La censure parfaite, c’est l’autocensure, à savoir la censure intériorisée.
Le stand de La Liberté est animé pour l’essentiel par des coupures de presse du fond de C.F. Pochon, dont nos lecteurs connaissent l’inégalée curiosité butineuse d’imprimés. Le plus visuel de la censure c’est quand elle s’exerce préventivement, la ligne que le censeur de service a fait sauter in extremis sans que la page soit recomposée. Une illustration par carré blanc sur fond d’imprimé.
A l’heure où l’histoire de la Suisse lors de la dernière guerre est revue, on s’est arrêté avec un intérêt particulier à la décision, motivée, de l’autorité de censure suspendant pour un mois le journal Le Sport, coupable, citations à l’appui, d’avoir donné du match Allemagne-Suisse en 1941 un compte-rendu qui, même si l’on tient compte du lyrisme des chroniqueurs sportifs, révèle une agressivité viscérale à l’égard du IIIe Reich. Le sport, non comme chauvinisme, mais comme défoulement politique libératoire. ag
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