Le Conseil fédéral vient de présenter sa nouvelle politique de sécurité routière: «Vision zéro». Son objectif: réduire de manière spectaculaire le nombre de victimes d’accidents de la route.
Nous pouvons bien montrer du doigt ces sociétés d’autrefois qui n’hésitaient pas à procéder à des sacrifices humains pour se concilier la bienveillance des dieux. Aujourd’hui c’est au dieu Mobilité que nous consentons collectivement un prix humain très élevé : en 2001, 544 morts et 6 200 blessés graves sur les routes suisses.
Le Conseil fédéral a opté pour une nouvelle politique de sécurité baptisée «Vision zéro» : à terme il s’agit de réduire de manière drastique ce sinistre bilan. Sur la base d’une analyse des accidents, des experts proposent une nouvelle stratégie qui se décline en une centaine de mesures possibles portant aussi bien sur l’éducation, l’amélioration des actions de sauvetage et des infrastructures que sur la technique automobile. L’idée n’est pas de restreindre la mobilité mais de minimiser les conséquences fatales des défaillances humaines. Par exemple en généralisant l’équipement informatique des véhicules, de manière à ce que des «puces électroniques» se substituent à l’être humain dans certaines situations dangereuses.
Ces mesures ne sont que des propositions à discuter avec tous les acteurs concernés et visent des résultats progressifs à l’horizon 2010 – moins de 300 morts – et en 2020 – moins de 210. Point donc de diktat et de précipitation. Pourtant la publication du rapport a aussitôt suscité les plus vives réticences. Une réaction qui en dit long sur la sacralisation de la mobilité et sur une conception pour le moins étriquée de la liberté: liberté de prendre des risques au prix de la vie d’autrui.
Corps spécialisés
Si ce catalogue de mesures mérite d’être débattu avant condamnation, l’application plus soutenue des prescriptions actuellement en vigueur, représente la première étape indispensable d’une politique de sécurité routière digne de ce nom. Or il n’est que d’observer le taux élevé de non-respect de ces prescriptions sur les routes et dans les agglomérations, romandes en particulier, pour saisir à quel point les autorités ne prennent pas au sérieux cette politique. Des contrôles insuffisants et donc une probabilité élevée de ne pas être pris en faute ne peuvent qu’inciter les usagers de la route à ignorer les règles de la sécurité.
A cet égard, on peut se demander s’il est opportun de continuer à mobiliser des gendarmes pour ces contrôles, alors que la police peine à atteindre ses effectifs légaux. Dès lors pourquoi ne pas mettre sur pied un corps spécialisé d’agents de la circulation, non armés, qui patrouilleraient en permanence à pied, à vélo ou en voiture. Cette présence visible rendrait à coup sûr la raison à des usagers pour qui le réseau routier est devenu l’occasion de se défouler. jd
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