Genève est présentement saisie par la fièvre de la proportionnelle. Dans un bel élan de justice distributive, le Grand Conseil a décidé que chaque parti représenté en son sein disposera à l’avenir d’un siège dans les conseils d’administration des principaux établissements publics et fondations du canton, notamment les Transports publics, les Services industriels et la Banque cantonale. Ainsi, proclament nos édiles, sera respecté le principe d’équité.
Il est vrai que la droite, parce que traditionnellement majoritaire dans les instances de désignation, s’est toujours réservée la part du lion dans ces conseils. Si l’on considère ces postes comme un butin à se partager, alors autant que le partage soit équitable.
Mais ne nous berçons pas d’illusions. Le contrôle politique de ces établissements n’en sortira pas renforcé. L’expérience montre que bien souvent l’attribution d’un siège d’administrateur récompense le militant fidèle, en quelque sorte un cadeau de fin de carrière. Une fois désigné, l’heureux élu Ð les heureuses élues sont plus rares ne rend de compte ni à son parti ni à l’organe Ð Grand Conseil, Conseil d’État, Conseil municipal Ð qui l’a mandaté.
En retard d’une guerre
Plus grave encore, les administrateurs de milice s’identifient fréquemment à l’entreprise et ne représentent pas un véritable contrepoids à la direction dont ils avalisent trop facilement les propositions, faute parfois d’en saisir la complexité et les enjeux.
Genève est en retard d’une guerre. Plutôt que de proportionnaliser ses conseils d’administration, le canton doit se donner les moyens de gérer efficacement ses corporations publiques. Au politique Ð gouvernement et parlement Ð la tâche de définir les objectifs assignés à ces établissements et d’en contrôler la réalisation, quitte à sanctionner les manquements constatés. Au conseil d’administration, composé d’un effectif restreint de personnalités compétentes dans la gestion et le domaine d’activité de l’établissement, le soin d’établir la stratégie et de surveiller l’action de la direction. Et à cette dernière la responsabilité de conduire l’entreprise de manière à satisfaire aux objectifs fixés. jd
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